Chère lectrice, cher lecteur,
Depuis maintenant 20 ans paraît en Allemagne une Revue des juges au titre évocateur: «Betrifft Justiz». Dans son tout premier numéro, les éditeurs de cette revue se sont posés la question: «que concerne la Justice?». La réponse fut:
- ce qu'elle a pour effets,
- ce qu'elle ne fait pas,
- ce que les gens pensent de la Justice,
- ce qu'ils en attendent,
- comment ils la vivent,
- ce que nous pensons de la justice,
- ce que nous voulons,
- comment nous vivons la Justice,
- ce que concerne la Justice,
- ce qui devrait nous préoccuper,
- ce qui fait que nous sommes concernés.
On ne pourrait pas mieux exprimer, sous cette forme concise, ce que nous visons en lançant cette nouvelle Revue. Les juges, les procureurs, les greffiers ont tous besoin d'une telle revue. Ils ont besoin d'une voix dans le public, dans les mondes judiciaire et politique. Ils ont besoin d'un lieu où échanger des informations, des critiques, leurs visions.
Nonobstant la théorie de la séparation des pouvoirs conçue au sens strict, la Justice n'est pas une monade qui se suffit à elle-même, qui vit dans une sorte d'harmonie préétablie, comme la conçoit le philosophe Leibnitz et qui, en quelque sorte, se cantonne dans une tour d'ivoire, indifférente aux tempêtes qui grondent à l'extérieur. La Justice fait partie de la société. Elle remplit le rôle de troisième pouvoir, de celui qui dit le droit dans l'Etat. Elle doit le faire sans parti pris et de façon indépendante. Par là, la Justice fournit une contribution essentielle au fonctionnement d'un Etat fondé sur le droit. Elle garantit les valeurs essentielles d'une société où règne la liberté, comme par exemple les droits de l'Homme et les autres droits fondamentaux. Elle permet aussi la résolution loyale et, dans la mesure du possible juste, des litiges dans les cas particuliers; elle rend ainsi à la société des services indispensables. Un juge canadien de la cour suprême a dit dans un jugement que l'indépendance de la Justice était: «the lifeblood of constitutionalism in democratic societies». On ne peut pas décrire l'importance de la Justice de façon mieux imagée. C'est pourquoi aussi, la Justice est soumise à la critique. Elle fait partie de la société et doit aussi affronter ce problème; à l'inverse, la société ne peut pas se désintéresser de la Justice.
C'est donc ainsi que cette nouvelle Revue rapportera sur tous les aspects du judiciaire en Suisse, y compris ceux de la poursuite pénale. Elle veut aussi porter un regard sur les pays voisins et sur d'autre plus lointains pour voir comment les mêmes problèmes y sont traités. Note journal veut être une Revue spécialisée qui informe sur toutes les questions touchant au droit constitutionnel relatif à la Justice, à l'organisation judiciaire et à la recherche dans ces domaines. Elle veut aussi par ailleurs être un forum d'informations et de discussion pour ceux qui sont actifs dans le monde judiciaire, pour ceux qui sont concernés par la justice ou qui s'y intéressent. La Revue veut relater quels sont les effets de la Justice, en quoi consiste sa tâche, ce qu'elle peut et ne peut pas faire, ce que le public attend d'elle et ce que nous attendons d'elle. «Justice – Justiz – Giustizia» doit montrer au lecteur comment se prennent les décisions, à quelles influences la Justice est soumise, quelles sont ses qualités mais aussi quels sont ses défauts. Elle rapporte également sur les acteurs du secteur judiciaire. Et last but not least, notre Revue doit être le lieu où les magistrats peuvent s'exprimer, ainsi qu'un porte-voix pour l'Association suisse des Magistrats et d'autres associations cantonales de magistrats. Par cette orientation , la Revue se distingue d'autres Revues juridiques spécialisées. Elle ouvre de nouvelles voies. C'est à vrai dire une innovation en Suisse.
«Justice – Justiz – Giustizia» s'adresse principalement aux membres du pouvoir judiciaire (juges, greffiers) y compris les juges non professionnels et les juges de paix, aux membres des autorités d'instruction pénale (ministère public et juges d'instruction), aux membres des autorités législatives et exécutives (des cantons et de la Confédération), ainsi qu'aux spécialistes de la science juridique (professeurs, assistants, étudiants). La Revue doit également interpeller tous ceux qu'intéresse la Justice.
Notre nouvelle Revue parait online, là aussi le signe d'un changement dans les habitudes des médias, et 4 fois par an.
«Justice-Justiz-Giustizia» est une étoile, petite mais nouvelle, dans l'univers des médias, ou, comme on dit aujourd'hui, un nouveau «produit» sur le marché des médias. L'avenir dira s'il en résulte une étoile permanente, soit si le produit deviendra une valeur sûre, voire un «blockbuster» pour les consommateurs. C'est tout le succès que l'on peut souhaiter à «Justice – Justiz – Giustizia» dans l'intérêt du judiciaire et de la Justice dans notre pays.
L'équipe de rédaction: Anne Colliard, Stephan Gass, Regina Kiener, Hansjakob Mosimann, Thomas Stadelmann, Pierre Zappelli.